Christ en croix

Cette plaque, inédite à notre connaissance, donne à voir une représentation inhabituelle du Christ sur la croix.

Le corps du supplicié, émacié et dont les mains sont cachées, est, comme la croix, vu de profil comme par une fenêtre qui ouvrirait sur le Golgotha. Le corps rappelle une certaine esthétique symboliste (on peut penser à Georges Minne, Victor Prouvé, Félicien Rops). Les motifs végétaux et floraux qui encadrent la figure et définissent la forme de la plaque répondent aux canons de l’Art nouveau ; or ce dernier n’a guère touché la production d’art religieux, où l’on est souvent passé sans transition du néogothique à l’Art déco.

L’inscription latine « Verbum caro » (le Verbe s’est fait chair) est tirée du prologue de l’évangile selon saint Jean (Jn 1, 14). « Flos de Jesse »1 renvoie à la prophétie d’Isaïe (Es 11,1) ; fort adroitement, le mot « radice » est remplacé par la plante qui naît aux pieds du Christ, tandis qu’une fleur s’y épanouit à la manière d’un calice.

Cette image s’inscrit également dans le cadre du Jubilé extraordinaire de la miséricorde inauguré par le pape François le 8 décembre 2015 ; cette Année sainte se poursuivra jusqu’au 20 novembre 2016. Dans « Misericordiae Vultus », la Bulle d’indiction du jubilé, le souverain pontife écrit : « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » [...] n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. Lorsqu’est venue la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), [...], il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. [...] À travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu ».

(1) Le texte complet est : Egredietur Virga de radice Jesse, et flos de radice eius ascendet (un rameau surgira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines).

Philippe Joris,
Conservateur du département d’Art religieux et d’Art mosan

Légende photo : 

Christ en croix
L. Petermann, Début XXe siècle
Bruxelles
Étain coulé et ciselé
Département d’Art religieux et d’Art mosan (Musée diocésain)
Inv. GC.REL.10c.2015.007958 (M 51)