Armes
Le Musée d’Armes est l’un des plus anciens musées liégeois ; il a vu le jour en 1885, à l’initiative des Autorités communales et grâce à la donation initiale d’un fabricant d’armes local, Pierre-Joseph Lemille. Ainsi se concrétisait la volonté, émise par différentes instances, de doter notre métropole d’une structure permanente entièrement dédiée à l’une de ses industries les plus caractéristiques : l’armurerie. À cette époque, et depuis longtemps déjà, Liège était en effet l’une des principales villes productrices d’armes portatives au monde.
Le Musée d’Armes, qui aujourd’hui encore compte parmi les principaux musées du genre au niveau international, était alors situé dans l’ancien hôtel de Hayme de Bomal, jadis propriété de Lemille, qu’il occupa jusqu’à son intégration au sein de l’ensemble muséal du Grand Curtius, ouvert en 2009.
Le département des Armes du Grand Curtius est donc l’héritier du Musée d’Armes. Il recèle plusieurs milliers d’armes à feu, ainsi que des armes blanches, provenant non seulement de l’important centre de production de Liège mais également des autres régions du monde.
Face à ce patrimoine d’une valeur inestimable, le Grand Curtius a entamé, en 2018, une refonte en profondeur de la présentation de son département finalisé en novembre 2023. Les collections sont désormais regroupées dans le splendide et monumental Palais Curtius édifié, aux alentours de l’an 1600, par Jean Curtius, riche marchand ayant fait fortune dans le négoce des armes ainsi que de la poudre à canon, et munitionnaire attitré des armées espagnoles. Elles sont présentées en quatre espaces, s’étendant de la cour jusqu’aux trois étages du palais.
Dans la cour face à l’entrée de l’emblématique Palais Curtius, trônent des canons de fonderies liégeoises du 19e siècle : deux mortiers datés de 1812 sont issus de la Fonderie Impériale de Liège, les autres canons exposés, datés de 1818 et 1870, proviennent quant à eux, de la Fonderie royale de canons de Liège.
Au première étage, la section consacrée aux armes civiles (chasse et tir sportif) inaugurée en 2018 met en avant quelque 600 pièces remarquables de l’histoire de l’armurerie du 16e au 21e siècle, sélectionnées en raison de leur qualités techniques et esthétiques. Cette mise en valeur d’un savoir-faire artisanal de haute précision (chefs-d’œuvre d’art appliqué, gravure, ciselure, incrustation…), traduit la volonté de rendre hommage au travail de l’homme, avec l’ambition d’offrir une des plus belles vitrines armurières muséales du monde.
Le deuxième étage dédié aux armes à feu militaires inauguré en 2021, présente plus de 500 armes à feu militaires datées du 15e au 21e siècles au travers de trois espaces principaux :
- un couloir didactique et chronologique qui présente des systèmes d’armement et explique les apports tactiques et stratégiques des armes à feu sur les plans historique et technique;
- un parcours international et chronologique accompagné de projections contextualisées;
- un troisième espace consacré aux productions liégeoises et belges : l'Armée belge, les exportations et enfin le 19e Siècle liégeois, considéré comme l’âge d’or de l’armurerie liégeoise.
Au troisième étage, depuis novembre 2023, sont exposés environ 200 armes blanches et divers équipements de protection liégeois et internationaux. Contrairement aux autres sections, la plupart des objets présentés n’ont pas d’origine liégeoise, la Principauté de Liège n’ayant pas encore de spécialité d’armes avant le 16e siècle. Dans une amplitude temporelle allant de l’âge du bronze final (1.200 ACN) à nos jours, les armes y sont rassemblées en quinze catégories : épées, sabres, couteaux, baïonnettes, masses d’arme, haches de combat, armes d’hast, armes de jet, piques et lances, arcs, arbalètes, protections pectorales, casques et armures. Afin de permettre aux visiteurs d’appréhender la collection d’une autre manière, plusieurs vidéos montrant, soit des techniques de fabrication d’armes et d’armures, soit des reconstitutions de combats, viennent ponctuer le parcours.
La collection permanente des armes désormais complète fait renaître, dans le sillage de ce qu’il fut lors de sa création, l’un des fleurons du patrimoine liégeois, de nature à attirer le public à la fois belge et étranger.
Loïc Servais, Conservateur du département des armes
Loïc Servais, Conservateur du département des armes
Une des plus anciennes armes à rouet conservées qui porte une date...
Carabine à rouet
Lame de sabre "Zulfikar"
Fusil et épée de chasse combinables
Carabine à rouet
Pistolets jumelés
Les incontournables
Fusil polonais
Mot du conservateur
Etablir et entretenir une collection d’armes à Liège est un sujet très délicat. La raison en est évidente : qu’elle opprime ou qu’elle libère, qu’elle protège ou assassine, qu’elle vise un quidam lors d’une guerre ou un noble cervidé de nos forêts, l’arme tue ! C’est là sa quintessence.
Et pourtant, les armes sont des objets muséaux par excellence. Car si l’on passe outre l’aspect ô combien primaire de leur rôle, leur étude mène directement à la découverte de prouesses tant artistiques que technologiques. Les armes offrent également à l’historien et au citoyen averti une forme d’instantané d’une société à un moment donné, laissant entrevoir ses forces, ses faiblesses et dans une certaine mesure, ses valeurs.
Liège est un des principaux centres mondiaux de la production d’armements, et ce depuis plus de 500 ans. Les armes et leur production font donc bel et bien partie intégrante de notre patrimoine liégeois, et depuis longtemps.
Dès lors, il est évident que la collection des armes a naturellement toute sa place au Grand Curtius. Si le sujet se doit d’être traité avec sérieux, son intérêt scientifique ne peut être remis en cause. Un musée a pour vocation de présenter un patrimoine et des connaissances au service d’une société curieuse et éduquée.
Alors détracteurs ou passionnés : bonne découverte à tous