Calice, avec patène et cuiller
Ce calice aux lignes épurées a été offert à Albert Charlier à l’occasion de son ordination le 2 juillet 1944, comme l’indique l’inscription sous le pied. Malgré une date relativement tardive, l’esthétique de cette pièce ressortit encore du style Art Déco. La tige, rehaussée d’un noeud d’ivoire, porte les figures des quatre évangélistes et la base polygonale s’orne d’ une figure du Christ en croix.
Il est l’oeuvre d’une célèbre famille de dinandiers-orfèvres, les Dehin. Ceux-ci furent, avec leur concurrent l’atelier Wilmotte, les principaux fournisseurs d’orfèvreries et de bronzes d’église du diocèse aux 19e et 20e siècles. La maison Dehin a été fondée par Jean-Joseph Dehin (1809-1871), dinandier-orfèvre, fondeur, poète et littérateur wallon. Comme Wilmotte, il fut un des thuriféraires du style néogothique, en accord avec la mode du temps. Formé dans l’atelier de chaudronnerie paternel, il a bénéficié de nombreuses commandes de mobilier liturgique, dont la balustrade de choeur de la cathédrale de Liège. À sa mort, ses cinq fils, auxquels il était déjà associé, lui succèdent. Leur production reste fidèle aux styles historiques et leur renommée internationale s’accroît de même que la production commerciale. Leur oeuvre majeure est le maître-autel de la cathédrale de Liège (1881) ; on leur doit aussi le campanile de l’église Saint-Epvre à Nancy (1872-1874). À partir de 1919, l’entreprise continue sous la direction de trois petits-fils du fondateur. La maison Dehin poursuivit bon an mal an ses activités jusque dans les années 1970. Le département d’art religieux et d’art mosan du Grand Curtius possède un important fonds d’archives de la famille Dehin, comprenant un vaste ensemble de projets de mobilier religieux.
Philippe Joris,
Conservateur du département d’Art religieux et d’Art mosan
Illustration :
Dehin Frères à Liège, 1944
Argent et laiton dorés
Dépôt de la Fondation Liège-Patrimoine