Ce petit morceau rectangulaire de verre à motif coloré a probablement été réalisé en Egypte, sous domination romaine, dans un atelier de verriers de la ville d’Alexandrie. Il illustre à merveille la créativité ainsi que le savoir-faire des verriers de l’Antiquité et plus particulièrement la technique du verre mosaïqué, déjà parfaitement maîtrisée sur une petite surface de verre. Plusieurs baguettes de verre coloré, assemblées de manière à élaborer un dessin, sont fondues en une seule canne ou bâtonnet, reproduisant ainsi le motif sur toute sa longueur. Les plaquettes au dessin identique sont obtenues par débitage du bâtonnet en tranches marquant ainsi le début d’une production verrière en série. Le demi-visage, juxtaposé d’une seconde plaquette retournée, formait alors un visage complet.
Ce masque de théâtre représente une courtisane coiffée d’un morceau d’étoffe en forme de mitre et aux cheveux tressés en tire-bouchon, identiques aux coiffures des divinités Dionysos et Isis. De nombreuses plaquettes ont été retrouvées, dont certaines forment un motif complet, elles illustrent plusieurs personnages issus de pièces de théâtre comique ou dramatique. Ces plaquettes servaient probablement de décors d’incrustation de petit mobilier.
Cette technique permettant d’obtenir une canne incrustée de motifs multicolores a aussi été utilisée pour parer de motifs floraux de nombreuses coupes et des perles antiques, décor dénommé arbitrairement dès la fin du 15ᵉ siècle à Venise le « millefiori » (« mille fleurs »).