Plaquette émaillée à décor de palmettes
« Parmi les formes d’expression artistique qui firent la notoriété des ateliers mosans aux 12e et 13e siècles se trouve l’orfèvrerie. Leurs produits étaient affectés principalement à des usages liturgiques (châsses et autres types de reliquaires, autels portatifs, reliures, croix, encensoirs, crosses), mais on peut penser qu’ils durent également consister en œuvres profanes.
À côté des techniques du repoussé-ciselé, de la gravure, du filigrane, du nielle, du vernis brun, du sertissage des pierreries, celle de l’émaillerie champlevée fut particulièrement maîtrisée par ces artistes. Elle était déjà connue des Gaulois, mais ils la portèrent à un degré de raffinement jusque là inégalé. À partir des années 1140, ils en tirèrent principalement des sujets iconographiques.
Cette technique consiste à appliquer, dans les alvéoles creusées dans l’épais- seur d’une plaque de cuivre, une matière vitreuse composée d’une masse incolore transparente, de nature cristalline (la fritte ou fondant), addition- née de colorants constitués d’oxydes métalliques. Opacifié à l’aide d’oxyde d’étain, l’émail est obtenu par passages successifs au four de cuisson, aux environs de 800°. Le métal laissé en réserve est ensuite doré »
(A. Lemeunier).
À côté de quelques œuvres complètes qui témoignent de la profon- deur des programmes iconographiques illustrés à cette époque, subsiste une grande quantité d’émaux isolés, vestiges d’objets démembrés. Cette plaquette, récemment acquise en vente publique par l’asbl « Les Amis du MARAM », est du nombre. Malgré quelques lacunes, on pourra apprécier la subtile manière dont les couleurs sont savamment et harmonieusement juxtaposées au sein d’une même alvéole. Cette plaquette est semblable à deux plaques émaillées conservées au Musée du Louvre (OAR 357 et OA 10028), représentées ici, et est peut-être un fragment de phylactère, reli- quaire de forme souvent polylobée ou discoïde.
Philippe Joris,
Conservateur du département d’Art religieux et d’Art mosan