L'Apothéose de Grétry de Joseph Dreppe

Un musicien liégeois couronné de lauriers divins, L''Apothéose de Grétry

Joseph Dreppe (Liège 1737 – 1810)
Vers 1782
Huile sur bois - 52 x 41 cm (sans cadre)
Médaillon dans la partie inférieure du cadre portant inscription : 1741. GRETRY. 1813. DREPPE (de Liège)
Dépôt de la Fondation Baudouin au Musée Grétry

Telle était la célébrité de Grétry à Paris, tant sous l’Ancien régime que par la suite, que produire le portrait du compositeur et l’exposer au Salon, ne pouvait qu’attirer la notoriété pour le peintre ou le sculpteur qui en était l’auteur. Nombreux furent ceux et celles qui s’y employèrent (Marguerite Gérard, Elisabeth Vigée-Lebrun, Augustin Pajou, par exemple). Tous cherchaient à saisir les traits de l’homme génial, dans une perspective proche de J.J. Rousseau. Liège ne pouvait manquer à cette vague parisienne qui honorait son Enfant. Joseph Dreppe se lança dans une telle composition.

Au lieu d’un portrait du compositeur qu’il n’avait probablement pas rencontré depuis plusieurs années, bien qu’il fût son contemporain presque exact, Dreppe s’appliqua à placer Grétry en plein acte de création, à son pianoforte, dans sa bibliothèque qui regorge de ses partitions (Céphale et Procris, L’ami de la maison, Le Huron, par exemple). La composition musicale est à ce point séduisante et émouvante (Il s’agit du quatuor tiré de Lucile : Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille) qu’Euterpe, la muse de la musique, apparaît, jouant de la harpe, accompagnée par Mars, dieu des arts, pour couronner Grétry des lauriers de la gloire. Le buste de Marie-Antoinette que Dreppe place dans le dos du musicien rappelle que la Reine fut son élève, sa protectrice et son égérie.

Joseph Dreppe est né à Liège en 1737 où il reçut sa formation de base qu’il compléta à Rome à la célèbre Fondation Darchis. Il y croisa sans doute Grétry lui-même. Rentré à Liège il y fut nommé professeur à l’Académie sous le Prince Velbruck, puis directeur en 1784, sous le prince Hoensbroeck, pour remplacer Léonard Defrance considéré comme trop libre ou anticlérical. Dreppe se rallia ensuite spontanément au nouveau pouvoir révolutionnaire. L’artiste se signale par des dessins et des gravures et aussi quelques tableaux dont celui-ci qui date probablement des années 1782 et suivantes soit après que la Société de l’Emulation ait entrepris un hommage à Grétry mais avant la chute de la monarchie de France.

L’œuvre figurait dans la collection de M. Jean-Pierre Stroobant de Saint-Eloy, collectionneur dix-huitièmiste montois, décédé en 2019, qui fit don de ses collections à la Fondation Roi Baudouin pour les préserver et les rendre accessibles au public. La Fondation, fidèle à cette mission, met en 2021, « L’Apothéose » en dépôt de longue durée au Musée Grétry.

Dominique Allard Directeur honoraire / Chargé de mission FONDATION ROI BAUDOUIN

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