Cet objet réunis deux des plus grands noms de la joaillerie et de la miniature françaises du 19e siècle.
La boite hexagonale en or a été réalisée par le joaillier Marguerite comme l'atteste l'inscription : « Marguerite Joaillier de la Couronne de Lrs Majtés Imples et Rales » qui figure sur le bord du boîtier.
Bernard-Armand Marguerite ne porta le titre de joaillier de la Couronne qu'à partir de 1811, ce qui montre que la miniature d'Isabey n'a pas été spécialement réalisée pour cette objet. Marguerite était installé rue Saint-Honoré à l'enseigne du Vase d'Or où il avait succédé à son beau-père Edme-Marie Foncier qui avait déjà été le joaillier de Joséphine sous le Directoire. C'est également pour l'Impératrice qu'il fut amené à réaliser quelques unes des pièces de joaillerie lors du sacre du 2 décembre 1804.
La miniature qui orne le plat supérieur est signée et datée Isabey 1807; elle était entourée à l'origine de 25 diamants remplacés par la suite, comme il était d'usage pour ce type de cadeau en nature, par des éléments de verroterie sans valeur.
Jean-Baptiste Isabey (1767-1855) originaire de Nancy, est arrivé à Paris en 1785 où il sera brièvement l'élève de Jacques-Louis David. Il s'attache rapidement à la famille Beauharnais et de là tout naturellement à la personne même de l'Empereur. Il est généralement considéré comme le maître de la miniature française du début du 19e siècle.
Il existe au Musée de Malmaison une autre pièce, une bonbonnière, due au talent associé de ces deux même maîtres, elle représente quatre portraits de la famille de Beauharnais et fut offerte par Joséphine à Napoléon.
Selon une tradition, dont il n'y pas lieu de douter, notre tabatière aurait été offerte par l'Empereur au comte Charles d'Argenteau d'Ochain (1787-1879), peut-être même en mains propres, lorsque lui fut remise la croix de la Légion d'Honneur (1813). Celui qui allait finir sa vie comme archevêque in partibus de Tyr et doyen du chapitre cathédral de Liège avait été un brillant militaire au service de la France et des Pays-Bas et reçu franc-maçon avant d'épouser, en 1824, la carrière ecclésiastique à la suite du décès de sa fiancée.