Oeuvre classée comme Trésor la Fédération Wallonie-Bruxelles
Cette aiguière exceptionnelle est l’un des plus beaux verres de la collection[1]. Façonnée en Espagne durant la Renaissance, il s’agit d’une réalisation à la façon de Venise, un exemplaire unique sans aucune pièce comparative.
La partie cylindrique de la panse est sobrement décorée de trois filets circulaires filigranés et de quatre mascarons dorés dont trois en forme de rosettes et un estampillé d’une tête de démon pourvue de cornes et de moustaches. La partie tronconique inversée est parée de quarante et un fils blancs verticaux et de deux pastillages de framboises, dorés à l’origine. Une boule soufflée aplatie, dans la continuité du décor de la panse, est agrémentée de vingt et un filets blancs verticaux. Le pied rond se prolonge dans une jambe cylindrique en accord stylistique avec le col étiré. L’embouchure est trilobée et surmontée d’une anse majestueuse en double spirale, ornée de douze côtes.
La légèreté et la couleur jaunâtre du verre, l’association du pied et du bouton soufflé, les filigranes blancs verticaux se détachant en relief plutôt que leur inclusion dans le verre se retrouvent sur des pièces réalisées en Catalogne de même que le profil de l’anse.
Habituellement, l’aiguière est destinée à contenir et à verser de l’eau, soit pour remplir les verres des convives lors du repas, soit pour se laver les mains au-dessus d’un bassin assorti. Cependant, vu son élégance, ses proportions harmonieuses, sa fragilité et sa hauteur, il s’agit d’une pièce décorative. Elle est représentative de la période d’apogée du verre catalan et faisait probablement la fierté de son propriétaire, issu d’une famille royale ou princière.
En savoir plus sur les Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Le décret du 11 juillet 2002 permet de classer comme Trésor, les biens qui présentent un intérêt notable pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans ce cadre, plusieurs œuvres dont la qualité artistique, la rareté ou les liens avec l’histoire et l’histoire de l’art ne sont plus à démontrer, sont davantage valorisées grâce à ce classement. Cette reconnaissance permet de mettre en valeur ces fleurons de notre patrimoine artistique et culturel mais surtout de mieux les protéger, d’aider à la restauration ou d’empêcher qu’ils soient vendus à l’étranger. Plusieurs œuvres historiques majeures sont, chaque année, reconnues comme Trésors.
Un bien protégé obtient la qualité de « trésor ». Ce terme trouve son origine dans le droit européen qui offre à chaque Etat membre la possibilité de protéger ses « trésors nationaux ayant une valeur artistique, historique ou archéologique ». Ces trésors échappent dès lors au principe de libre circulation des biens à l’intérieur de l’Union européenne et peuvent se voir imposer des restrictions ou interdictions de sortie du territoire national concerné.
Plus d'infos sur le site web de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
[1] Ancienne collection Baar. Acquisition chez Stora à Paris, décembre 1937 (ancienne collection Robert de Rothschild).