Saint Georges terrassant le dragon

Saint Georges terrassant le dragon

La légende du combat de saint Georges et du dragon est bien connue ; elle serait apparue en Orient et en Occident au 11e siècle et a fait l’objet d’un grand nombre de représentations dont certaines comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art ( Uccello, Carpaccio, Raphaël...). Sa tradition est chère au cœur des Montois.

Georges de Lydda était un officier de l’armée romaine, d’une famille chrétienne originaire de Cappadoce. On raconte que la ville de Silène en Libye était sous la coupe d’un dragon effroyable qui réclamait chaque jour un tribut de deux brebis. Lorsque les brebis vinrent à se raréfier, on offrit à la bête un animal et un être humain, jeune homme ou jeune fille tiré au sort. Georges passait aux environs de la ville alors que le sort avait désigné comme victime sacrificielle l’unique fille du roi. Selon les versions, saint Georges soit tue directement le monstre, soit le blesse, la jeune fille conduisant en ville le dragon rendu inoffensif. Georges promet de le tuer à condition que les habitants de Silène se convertissent au christianisme. C’est cette dernière variante que rapporte la Légende dorée de Jacques de Voragine (13e s.).

Cette statuette de saint Georges a été acquise en vente publique par la Fondation Liège-Patrimoine ; elle est issue d’un des deux plus fameux ateliers de fabrication  « d’orfèvreries et bronzes d’église » de Liège au 19esiècle, la maison Wilmotte, concurrente de la firme Dehin. L’atelier fut fondé en 1830 par Jean-Baptiste Wilmotte (1799-1874), potier d’étain déjà actif en fournitures ecclésiastiques. Son fils Joseph (1834-1893), formé à l’Académie des Beaux-Arts, lui succéda et s’associa à son fils Georges (1863-1895). Après 1895, l’activité de la maison « Wilmotte fils » fut continuée par sa veuve puis par son gendre, avant de cesser définitivement son négoce en 1946.

Alors que la vogue des styles « néo » battait son plein, Joseph Wilmotte fut conduit sur la voie du néo-gothique par Jules Helbig (1821-1906) ; il fut membre de la Gilde de Saint-Thomas et de Saint-Luc, qui rassemblait les partisans les plus engagés du « renouveau de l’art chrétien », entendu comme retour fidèle aux formes et traditions médiévales. C’est à Wilmotte que le chapitre cathédral s’adressa pour la réalisation de la nouvelle châsse de saint Lambert (1896), toujours exposée dans un collatéral de la cathédrale de Liège. Comme ses confrères, Wilmotte combinait techniques anciennes et méthodes modernes de fabrication. Il était également passionné par la photographie.

Philippe Joris
Conservateur du département d’Art religieux et d’Art mosan

Légende photo :

Laiton coulé
J. Wilmotte fils, Liège, fin 19e s. - début 20e s.
GC. REL.10b.2013.001877
Dépôt de la Fondation Liège-Patrimoine