Le peintre et la poétesse
Renée Brock (1912-1980)
Poèmes choisis
Bruxelles : l'Audiothèque, [196?]
Ville de Liège / Fonds patrimoniaux
1000113101286
Renée Brock (1912-1980)
Poème du sang
Paris : Robert Laffont, 1949
Ville de Liège / Fonds patrimoniaux
1000113087483
Renée Brock (1912-1980)
[Poème manuscrit adressé à Marcel Thiry à l'occasion de son anniversaire]
Extrait du dossier n°21 : Correspondance - Renée Brock du fonds Marcel Thiry (Bibliothèque Ulysse Capitaine)
[Tilff] : Renée Brock, 1945
Ville de Liège / Fonds patrimoniaux
Médiathèque provinciale de Liège
Poèmes de Renée Brock
Liège : Province de Liège, [198?]
Ville de Liège / Fonds patrimoniaux
100011202239X
Médiathèque provinciale de Liège
Hommage à Renée Brock
Liège : Province de Liège, [198?]
Ville de Liège / Fonds patrimoniaux
1000112022403
Le peintre et la poétesse
La rencontre de deux légendes Liégeoises
Renée Brock (1912-1980) et Guillaume Corneille (1922-2010)
Connue pour ses « séances poétiques », Renée Brock, proche de Marcel Thiry, reçut le prix Victor Rossel en 1971. Membre fondateur du mouvement CoBra, Guillaume Corneille passa son enfance à Liège. Il rencontra Renée Brock à son retour d’après-guerre, fut témoin du lancement de ses salons littéraires et fut un lecteur privilégié de ses poèmes avant leur publication.
Pour la première fois, la ville de Liège en partenariat avec la Fondation Guillaume Corneille expose un ensemble de lettres et poèmes manuscrits inédits envoyés au peintre voyageur, qui fut régulièrement présent dans sa ville natale, soutenu par le collectionneur Fernand Graindorge et par Ernest van Zuylen qui l’exposa à la Boverie à de multiples reprises. Une complicité se noua entre les deux hommes, qui aboutit notamment en 1951 à la dernière manifestation du groupe CoBra. Sensible à toutes formes d’art, Renée Brock fut durant un temps secrétaire de l’Association pour le Progrès Intellectuel et Artistique de Wallonie (A.P.I.A.W.).
Renée Brock marqua son temps par les thématiques audacieuses et féministes avant l’heure de ses écrits. Marcel Thiry la classa parmi sa « pléiade » des poètes. Elle aborda dans Poème de Sang (1949) le récit de la maternité et le parcours de mère dans une Europe dévastée. Un même vécu de la guerre et de ses traumatismes rapproche la poétesse du peintre. Les deux artistes prirent chacun des risques en aidant des juifs sous l’occupation. Un amour commun des poètes Arthur Rimbaud, Apollinaire, Cendrars ou Federico Garcia Lorca les réunit. Les lettres dévoilent également la même âme lyrique, un sens extraverti d’exprimer « le beau mât de la vie », un même goût pour le soleil et les paysages Méditerranéens.
On note dans le recueil Solaires publié en 1950 de nombreuses correspondances avec la peinture de Guillaume Corneille. Le livre suit une ligne autobiographique et se déploie comme une géographie de bonheurs retrouvés dans le sud de la France puis en Espagne. S’ouvrant sur un poème sombre rendant hommage aux « jolis morts de vingt-cinq ans » qui gisent dans les « jardins » où les « fleurs murmurent » au milieu des « croix noires », le recueil invite ensuite le lecteur sur les pas de Van Gogh à Arles, dans le pays de Cézanne à Aix-en-Provence, puis sur les « sables d’Espagne » avec une vibrante dédicace au poète assassiné Federico Garcia Lorca. A la même époque, Guillaume Corneille peint une suite de tableaux abstraits célébrant sur tout un cycle la poésie de l’écrivain espagnol. Solaires est imprimé avec une couverture jaune orange évoquant la couleur du sable sur lequel la poétesse aime être « allongée ». Le recueil est une ode à la belle saison, à l’été, au sentiment amoureux, motifs qui firent également le tour de la peinture Cornélienne.
Renée Brock créa un cercle littéraire dans sa villa Mazet à Tilff qui fit venir au fil du temps Raymond Queneau, Marguerite Yourcenar, Georges Simenon, Haroun Tazieff, Roger Caillois, Maurice Genevoix, René Etiemble ou encore Nathalie Sarraute, et qui fut remarquée par Gaston Bachelard. Elle invita souvent Corneille à les rejoindre mais la distance les éloigna peu à peu. Les lettres nous apprennent de nombreuses informations sur les deux protagonistes. Renée Brock logea parfois Corneille et géra l’argent de ses séjours Liégeois.
Le style de Renée Brock est économe et percutant. La poétesse manie une langue synthétique qui offre en peu de mots une densité de vie très touchante. Corneille utilisa picturalement le même procédé, trouvant une sensibilité dans l’intensité du détail. Elle obtint en 1971, douze ans après L’amande amère, paru aux prestigieuses éditions Seghers, le Prix Victor Rossel pour le recueil de nouvelles L’Étranger intime. Le livre d’une grande modernité prolonge les préoccupations de la poétesse : elle décrit en plusieurs situations la liberté d’être femme, les âges différents du corps, les contraintes sociales, l’attraction et la méfiance vis-à-vis des codes masculins, et prodigue dans un faux détachement un art de l’émotion.
Ses poésies complètes furent publiées en 1982 par Jean Breton aux éditions Saint-Germain-des-Prés, enrichies de quarante poèmes inédits et de l’essai « Pourquoi, comment j’écris ».
Cédric Pernot
Fondation Guillaume Corneille
L'objet du mois en vidéo
Emplacement de l'exposition
Les objets sont visibles dans la vitrine de l'objet du mois. Hall d'entrée du musée Grand Curtius à Liège.
Copyright des photos : Ville de Liège - Grand Curtius