Fouille d’une sépulture gallo-romaine

  • Bouteille hexagonale en verre réutilisée en urne cinéraire (inv. 19/63).
  • Bouton en alliage cuivreux (inv. 19/72).
  • Deux gobelets de terre cuite dont un en céramique métallescente de Trèves (inv. 23/10 et 23/11).
  • Fragments d’os appartenant à un système de charnières d’un coffre (inv. 19/72). (*)
  • Brugge (Gooik, Brabant flamand), fouilles de G. Cumont en 1900.
  • Dernier quart du 2 e siècle après J.-C.

En 1899, des travaux de déblaiement sur un site d’extraction de terre à briques localisé au hameau de Brugge (commune de Gooik, Brabant flamand) entraînent la destruction irrémédiable de plusieurs tombes à incinération d’époque gallo-romaine.

Mis tardivement au courant de ce fait, l’avocat, numismate et préhistorien bruxellois Georges Cumont (1852-1931) obtient l’autorisation d’effectuer quelques prospections sur ce gisement implanté en bordure de la voie romaine Bavay-Asse. En creusant un talus, il heurte de sa bêche le goulot d’une bouteille hexagonale de grande contenance en verre bleu-vert, disloquée en de nombreux fragments « par le poids des terres ». La tombe à incinération intacte qu’il découvre à environ 1 mètre de profondeur contient aussi les restes d’un petit pot à onguents en verre fin ainsi que trois poteries, dont deux gobelets en céramique métallescente de Trèves qui permettent de la dater du dernier quart du 2e siècle après J.-C.

G. Cumont inspecte le contenu de la bouteille en verre à son domicile. En plus d’une petite quantité d’ossements attestant du remploi du récipient comme vase ossuaire, la bouteille contient un dépôt monétaire constitué de huit pièces en alliage cuivreux, allant de la fin du règne de Néron (66-67) à celui d’Hadrien (117-138), trois boutons creux en bronze et une trentaine de fragments d’os, tournés et en partie perforés. Ces objets de tabletterie, interprétés par G. Cumont comme les restes d’une flûte, constituent en réalité le système de charnières d’un coffre consumé sur le bûcher funéraire, comme l’attestent les traces de brûlures. 

Les bouteilles hexagonales de grand format, partiellement soufflées dans un moule (le fond et les parois), sont particulièrement rares. À l’origine, elles servent sans doute à la conservation et au transport d’huile ou de vin ; environ 4,7 litres pour cet exemplaire qui présente sur le fond cinq cercles concentriques en relief lui assurant une bonne adhérence. Ces emballages de verre épais, produits notamment dans le nord de l’Italie et en Rhénanie, se rencontrent essentiellement en Belgique, aux Pays-Bas, dans le nord-ouest de la France, en Rhénanie et en Suisse.

Bien qu’originaire de Bruxelles, G. Cumont fait don de sa collection – composée notamment de quelques 8000 silex mis au jour dans le Brabant wallon et flamand – à la Ville de Liège en 1914.
À cette libéralité s’ajoutent d’autres biens expédiés au musée entre 1915 et 1928. Le mobilier funéraire de la tombe romaine de Brugge est remis à la Ville de Liège en deux temps : une partie le 3 juillet 1919 ; l’autre le 11 avril 1923

Jean-Luc Schütz
Conservateur du département d’archéologie

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(*) Système de charnières de coffre au musée Grand Curtius à Liège

Système de charnières de coffre au musée Grand Curtius à Liège