Motifs chrétiens sur la céramique sigillée d’Argonne
Cette coupe hémisphérique, de forme Chenet 320, en céramique sigillée du Bas-Empire d’Argonne (région située entre la Champagne et la Lorraine, en France), a été mise au jour en 1875, au lieu-dit « Mont-Saint-Sauveur » à Fallais (province de Liège). Au 19 e siècle, des carrières y furent creusées et des ouvriers découvrirent plusieurs objets provenant de tombes gallo-romaines, mérovingiennes et médiévales. Ainsi, il n’existe pas de plan d’ensemble de la nécropole ou de description des sépultures.
Il est d’ailleurs probable que le baron Poswick, qui dirigeait les fouilles, ait racheté certains des artéfacts aux ouvriers. Il a ensuite fait don de cette coupe à l’Institut archéologique liégeois en 1878.
La coupe provient d’un des ateliers d’Argonne, connus pour leur production de céramiques, du 2 e au 5 e siècle. Celles-ci sont alors diffusées au nord de la Gaule, soit principalement entre la Loire et le Rhin. Toutefois on retrouve aussi des sigillées d’Argonne au sud de la Loire, en Rhétie et au sud-est de l’Angleterre. à partir du 5 e siècle, l’aire de diffusion de ces céramiques est réduite au bassin mosan et à la Seine.
Vraisemblablement, cette coupe est issue de l’atelier de Châtel-Chéhéry, dont l’émergence plus tardive se fait vers la fin du 4 e siècle et qui est connu pour les ornementations chrétiennes de sa céramique. Suite à de l’édit de Milan en 313, la liberté de culte est accordée à toutes les religions et le christianisme se propage en Gaule au cours des 4 e et 5 e siècles. Le décor de la coupe, réalisé à l’aide d’une molette de type Unverzagt 263, reflète ces changements et se compose de motifs géométriques, mais aussi de colombes, de croix (dont la croix de Saint-André) et de staurogrammes.