"Théâtre de l’Univers", Abraham Ortelius, inventeur de l'atlas

Abraham Ortelius, inventeur de l’Atlas

Abraham Ortelius est un personnage clé dans l’histoire des connaissances. Connu comme l’inventeur de l’atlas - livre comportant plusieurs cartes présentées sous un seul et même format - Ortelius fut le premier à émettre l’hypothèse de la dérive des continents.

 

Vie et œuvre

Au cœur de l’ère humaniste, Abraham Ortelius, ou Abraham Ortels, naît à Anvers, le 4 avril 1527 et y meurt en 1598. 

Au cours de la première moitié du 16e siècle, la ville d’Anvers connaît un grand essor économique. Mais cette période ne dure qu’un temps. La situation politique des Pays-Bas se dégrade à partir de l’an 1560.Une révolte contre le roi d’Espagne éclate, et ainsi débute la guerre de Quatre-Vingts Ans qui mènera à la division des Pays-Bas. Anvers s’engouffre dans une période d’effondrement économique.

La famille d’Abraham est composée de ses parents, Leonard Ortels et Anne Harrewayers, et de ses sœurs, Anne et Elisabeth. La famille Ortels sympathise avec les idées des réformateurs. Abraham est un enfant doué : il maîtrise le néerlandais, le grec, le latin, l’italien, le français et l’espagnol, et a des bases d’allemand et d’anglais. Ses sœurs et lui deviennent des kaartafzetters, qui se spécialisent dans la mise en couleur d’illustrations et de cartes. Il développe une entreprise prospère constituant sa principale source de revenus jusqu’à la fin de ses jours. Abraham vend également des antiquités, des pièces de monnaie, des cartes et des livres.

Ses nombreux points d’intérêts et son large réseau permettent à Ortelius de faire de nombreux voyages : il visite l’Italie, la France, les Pays-Bas, l’Angleterre et l’Irlande. Lors de l’un de ses voyages, il est accompagné par le cartographe Gérard Mercator. C’est ce voyage qui le poussera à produire ses propres cartes. Les premières sont de vastes représentations du monde, de l’Egypte, de la Terre Sainte, de l’Asie, de l’Espagne ou encore de l’Empire romain.

 

Le premier Atlas

Il crée un nouveau type de livre qui réunit des cartes géographiques en les rassemblant sous le même format. Son premier atlas s’intitule Theatrum Orbis Terrarum, ou le Théâtre du Monde.
Au cours du 16e siècle, les cartes du monde sont le moyen idéal pour représenter les nouvelles découvertes, tout en essayant d’illustrer la forme du monde. À cette époque, les cartes ne sont encore qu’un mélange de faits, de spéculations et de représentations imaginaires.
La carte du monde (Typus orbis terrarum), la première de l’atlas d’Ortelius, est la plus célèbre. Cette représentation du monde eut un impact gigantesque ; elle permit de regrouper toutes les dernières connaissances concernant la taille et la forme des continents.
 
Les contours du littoral africain étaient connus depuis la fin du 15e siècle tandis que la connaissance du continent asiatique se fondait sur les rapports du voyage de Marco Polo datant du 13e siècle.
Les voyages effectués par les explorateurs portugais permirent d’en savoir davantage sur les côtes d’Asie du Sud-Est et l’archipel indien, alors que les Espagnols partagèrent leur connaissance de l’océan Pacifique.
Les cartes étaient régulièrement décorées d’animaux fantastiques. Les monstres des mers et créatures mythiques fascinaient la population.

Theatre de l’Univers, contenant les cartes de tout le monde - Musée Grand Curtius à Liège

Dérive des continents

Abraham Ortelius est le premier à observer la dérive des continents.

Il écrit : « les littoraux des continents sont tellement similaires qu’ils semblent s’être déchirés les uns des autres à un moment donné ». Cette idée est bien visible sur l’atlas d’Ortelius lorsque l’on observe les côtes d’Amérique latine et d’Afrique.

La première édition de l’atlas est publiée en 1570 et contient 53 cartes. Sa dernière édition date de 1622 et contient 167 cartes. L’atlas est accueilli avec beaucoup d’enthousiasme.

Au cours de la vie d’Ortelius, vingt-quatre éditions sont publiées. Dix autres suivront après sa mort. Le livre, écrit en latin et traduit en néerlandais, français, espagnol, anglais et italien est un réel succès commercial. Une édition de poche du Theatrum est également commercialisée. Le Spieghel der Werelt (Miroir du Monde) finira par être édité une trentaine de fois.

 

Abraham Ortelius et Christophe Plantin, la rencontre de deux humanistes 

Christophe Plantin est connu comme l’un des intellectuels et hommes d’affaires les plus en vue de son époque. Aux alentours de 1550, il quitte la France et déménage à Anvers où il établit une imprimerie nommée Officina Plantiniana. L’entreprise de Plantin devient l’une des plus éminentes maisons d’édition du monde entier.

En 1558, Abraham Ortelius acheta à Plantin un livre de Virgile, cet achat étant mentionné dans le journal de Plantin. C’est la toute première fois que les deux noms apparaissent ensemble. Ils deviendront meilleurs amis.

Le talent de Christophe Plantin enchante Ortelius et son amour du savoir-faire. Pour lui, Ortelius met en couleur les cartes de Gérard Mercator. 
Plantin ne publia pas la première édition du Theatrum mais joua un rôle majeur dans la vente de l’atlas. Il le vend notamment aux marchands d’Augsbourg, de Milan et de Gênes.

Plantin publie une édition espagnole du Theatrum et en présente plusieurs copies en couleur au roi Philippe II d’Espagne, qui règne alors sur les Pays-Bas.

Plantin publie également le dictionnaire des noms de lieux d’Ortelius, le Synonymia Geographica. Cet important dictionnaire associe des noms de lieux anciens et modernes à leurs équivalents dans le langage populaire de l’époque.

 

Sandrine Vandecasteele
Historienne de l’art
Fonds patrimoniaux de la Ville de Liège

 

L'atlas en vidéo

 

L'objet du mois en vidéo

 

Emplacement de l'objet

L'atlas est visible dans la vitrine de l'objet du mois. Hall d'entrée du musée Grand Curtius à Liège.

Légendes visuels

Théâtre du Monde - Fonds patrimoniaux de Liège. Copyright Ville de Liège - Grand Curtius.