Les Frères Jean-Désiré et Eugène Muller, initiés à l’art verrier à l’Ecole de Nancy et collaborateurs d’Emile Gallé, sont engagés au Val Saint-Lambert par le directeur Georges Deprez, sur les conseils de Léon Ledru, entre 1905 et 1908. Ils sont passés maîtres dans la technique de la fluogravure, association de la peinture émaillée et de la gravure à l’acide. Les vases se parent d’une marqueterie de verre grâce à la superposition de couches aux tons chaux et aux somptueux coloris donnant une texture et du relief à des œuvres comparables à celles d’Emile Gallé et des Frères Daum. Ces émaux colorés sont fixés par la cuisson, ensuite intervient la gravure à l’acide. Celle-ci consiste à creuser la matière par morsures successives, en immergeant plusieurs fois les pièces dans un bain d’acide fluorhydrique, après avoir préalablement recouvert de cire ou de vernis bitumé les parties du verre qui doivent rester vierges de tout décor. L’effet chromatique obtenu est parfois du au hasard, selon le temps d’immersion de la pièce.
Cette pièce exceptionnelle est une véritable prouesse technique de part sa taille et son décor appliqué harmonieusement sur la forme du vase. Celle-ci est tout aussi originale : un immense col cylindrique étiré à partir d’une large panse ovale, signée en relief « Val St Lambert ». Elle pourrait être dénommée soliflore, pour autant que l’on puisse y insérer une fleur géante, mais nul doute qu’il s’agisse d’une pièce d’apparat attirant immédiatement tous les regards.
Les Frères Muller vont renouveler la production du Val Saint-Lambert en produisant un peu plus de 500 pièces en 3 ans et initier plusieurs verriers à leur savoir-faire. Leur plus fervent disciple est Lucien Petignot (1874-1936), engagé au Val Saint-Lambert en 1904.