Au cours du 17ᵉ siècle, un nouveau type de verre d’apparat « à la façon de Venise » ou « à la façon de Lille » sort des fours liégeois : « les verres à boutons ». Les coupes, de diverses formes, peuvent être lisses ou présenter un décor gaufré ou côtelé. Elles sont perchées sur une haute jambe composée d’une à quatre sphères soufflées, parfois côtelées, prenant la forme de ballons aériens ou plus aplaties en forme de boutons. Ceux-ci sont séparés par des courtes tiges insérées entre deux disques, dénommées « poulies ». Il s’agit des premiers verres identifiables mentionnés dans les contrats d’engagement des verreries liégeoises. Le premier artisan connu à avoir réalisé ce type de pièce est un verrier venu de Murano, Paulo Matzano, engagé par Henri Bonhomme en février 1645. En 1648, le second contrat d’embauche du vénitien Giovanni Rigo stipule « Item, arrivant qu’il convien travailler pour Lisle et faire vers à quattre bouttons, deux bouttons et haulte olieve, les dits srs luy debveront donner et payer, pour chasques quarante cincq vers semblable quatre florins comme dessus »[1]. Autrement dit, il doit réaliser quotidiennement quarante-cinq verres à boutons pour un salaire de quatre florins et cinq patards. Le florin vaut 20 patards, le patard constituant l’unité monétaire de l’époque dans les anciens Pays-Bas. La coupe d’un verre à bouton et à haute olive (« haulte olieve ») quadrilobée porte dans la partie inférieure un décor obtenu par la technique vénitienne appelée « mezza stampaura » (« demi-estampage »). Celle-ci consiste à souffler la coupe dans un moule dont les motifs creusés vont parer la surface du verre de côtes saillantes laissant perler quelques gouttes. Les motifs supérieurs en forme de X sont obtenus par le travail à la pince.
Le dernier contrat mentionne le verrier muraniste Francisco Santino, venu à la demande d’un gentilhomme allemand, Jean de Holstein, établi à Liège ; il s’engage à réaliser des verres à boutons « selon la façon qu’on demande pour Lisle »[2]. D’après cette expression, il faut comprendre soit que ces verres bien spécifiques auraient pu être produits à Lille, (mais aucun ouvrage sur le verre français n’en fait mention) ou plus logiquement qu’ils y étaient simplement expédiés. Dans certaines publications, ces verres sont dénommés « façon de Liège »[3].
[1] Luc ENGEN, Les verreries du Pays de Liège dans Le Verre en Belgique des origines à nos jours, Anvers, 1989, p. 143-144.
[2] Luc ENGEN, Les verreries du Pays de Liège dans Le Verre en Belgique des origines à nos jours, Anvers, 1989, p.144.
[3] Catalogue « Verres d'usage et d'apparat, de la Renaissance au XIXe siècle - La collection du Mesnil, Bordeaux, 2014.
Verres à boutons
H 24,3 à 31,1 - Ø 8,7 à 11 cm
(I/9156) - GC.VER.08a.1952.59549 (B/2151) - GC.VER.08a.1952.60563 (B/777) - GC.VER.08a.1952.58067 (B/714)
Verre à bouton et à olive
H 21 - Ø 8,2 cm
GC.VER.08a.1952.59870 (B/943)