La Vierge à l’Enfant, dite Vierge de Dom Rupert

Ce bas-relief, autrefois polychrome, montre la Vierge assise en majesté sur un siège muni d’un coussin. Elle enveloppe de son manteau l’Enfant qui presse le sein maternel à travers l’échancrure du corsage. Les drapés sont animés de plis parallèles et fluides. Le groupe s’inscrit dans un encadrement cintré, dont la mouluration s’achève par un large méplat. Un verset en latin, emprunté à la vision du prophète Ézéchiel y est gravé (« Ce portique restera fermé. Nul ne l’ouvrira, nul n’y passera, parce que le Seigneur, Dieu d’Israël, y est passé »).  Il permet d’interpréter le monument comme une illustration de la virginité mariale, selon une vision typologique (c’est à dire qui établit des concordances entre l’Ancien et le Nouveau Testament) particulièrement chère aux exégètes et aux artistes mosans du 12e siècle. Dans le prolongement, la Vierge est également assimilée à la Porte du Ciel.

Le style du drapé inscrit le groupe marial dans la production mosane du 3e quart du 12e siècle. Mais l’iconographie est aussi fortement teintée de byzantinisme : il en est ainsi à propos du voile de la Vierge ou du coussin « en obus » sur lequel elle repose.

Le relief provient de l’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Laurent à Liège. Il doit son nom à une légende tardive. Selon celle-ci, Dom Rupert, théologien liégeois de renom au début du 12e siècle et futur abbé de Deutz près de Cologne, peu versé dans les études au cours de sa jeunesse, aurait sollicité et obtenu de la Vierge le développement de son intelligence.

Plutôt que contemporaine de Dom Rupert, l’œuvre serait à situer sous l’abbatiat de Wazelin II (1149-1158) dont on sait que l’activité favorisa l’embellissement de son monastère, ou de son successeur.

Année d'exécution
Art mosan, vers 1160
Lieu
Provient de l’ancienne abbaye Saint-Laurent de Liège
Dimensions
92x64 cm