Fusil de chasse à canons juxtaposés, cal. 12
Fusil de chasse à canons juxtaposés, cal. 12 à platines de type Holland & Holland
Alphonse Forgeron, Liège - Achat par la Ville de Liège
Cette arme de belle facture comporte des canons juxtaposés demi-bloc en acier portant sous la culasse les poinçons du célèbre canonnier liégeois J. Falla (firme active de 1931 à 1953) et la marque « POLDI ELECTRO STEEL KLADNO JF ». Ils sont signés « A. FORGERON - LIÈGE » - « ARMES DE GRAND LUXE », une mention « Belgique » apparaissant de manière discrète près de la bascule. Une frise de feuillages orne la culasse.
La bascule ronde (c.à.d. aux formes arrondies) porte sur la table la marque de fabrique « Le Forgeron », déposée en 1902. Les platines de type Holland & Holland sont démontables à la main grâce à une petite clé latérale, système mis au point par la célèbre firme anglaise. La gravure est signée « H. WÉRY » sur la pièce de détente ; elle fait appel au répertoire courant de la gravure sur armes liégeoise : sur un fond de gravure anglaise (enroulements feuillés stylisés) se disposent des bouquets floraux et des feuillages, couvrant coquilles, bascule, platines, clé et sous-garde.
La marque « Le Forgeron » est sans doute un peu moins célèbre que celles d’autres fabricants d’armes liégeois de fusils de grand luxe mais elle compte sous son nom des pièces de grande qualité, de type Anson ou à platines. Si l’on en croit ses publicités, les établissements A. Forgeron voient le jour en 1867, même si la firme n’est pas inscrite aux registres du Banc d’Épreuves de Liège avant 1880. Pieux mensonge destiné à appâter les clients par son ancienneté ? Le fondateur en serait Antoine, bientôt rejoint par son fils Alphonse, actif jusqu’en 1932 ; les ateliers ont connu plusieurs adresses dans le quartier Saint-Léonard à Liège. En 1932, l’activité se poursuit grâce à Joseph Boulanger (rue Saint-Léonard) puis la marque est reprise en 1963 par la maison J Pirotte & Fils (rue Saint-Laurent), qui ferme ses portes en 1989.
Il n’est pas aisé de déterminer quel est exactement le fabricant de ce fusil. La signature sur les canons semble ne laisser planer aucun doute mais nous savons que les successeurs d’Alphonse Forgeron ont continué à produire sous son nom, prestige oblige. Les marques du Banc d’Épreuves frappées sur l’arme renvoient au début des années 1960 ; elle pourrait donc sortir des ateliers régis alors par Boulanger.
P. JORIS