Fusil de chasse à canons juxtaposés et chiens extérieurs, Calibre 12, École d’Armurerie de Liège, 1973
En 2013, la Ville de Liège a fait l’acquisition d’un fusil ayant appartenu au graveur sur armes René Delcour (1930-2012). L’histoire de cette arme n’est pas totalement éclaircie. À la base, il s’agit d’un modèle liégeois courant : l’École d’Armurerie de Liège (Institut Léon Mignon) les acquérait bruts auprès des Fabriques Armes Unies de Liège (entreprise aujourd’hui disparue), les élèves de l’école étant chargés de les terminer à titre d’exercice. Ce fusil-ci a été offert à René Delcour en 1973, peut-être pour célébrer ses dix ans d’enseignement au sein de l’école. Les noms de ceux qui ont participé à sa réalisation sont gravés sur la queue de sous-garde : J. Deliège, Fr. Barchy, P. Roland, J. Meale, A. Dimarco, J. Morai, J.-M. Smets, Semmeling. Les initiales entrelacées de René Delcour sont incrustées en or sur le pontet. Ce fusil montre quelques-unes des différentes techniques de décor que l’on peut appliquer à une arme à feu : gravure en taille douce, à fond creux, ciselure, incrustations.
René Delcour comptait parmi l’élite de la gravure sur armes à Liège. Il suit les cours de l’École d’Armurerie de Liège avant de rejoindre la FN comme apprenti-graveur en 1946. En 1963, il quitte l’entreprise herstalienne pour se lancer dans une carrière de professeur de gravure à l’École d’Armurerie, fonction qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1992. Comme la plupart des graveurs liégeois, René Delcour a pratiqué tous les genres de gravure. Il a beaucoup fréquenté les États-Unis où il se rendait pour exécuter des commandes spéciales à la demande de marchands ou de collectionneurs. Ouvert aux innovations technologiques et artistiques, il se savait néanmoins limité par les contraintes d’un art décoratif soumis au goût d’une clientèle volontiers traditionaliste *.
Philippe Joris,
Conservateur du département des Armes