Encrier et calame
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le commerce d’antiquités fut particulièrement florissant à Tongres, ce qui permit au jeune Institut archéologique liégeois d’accroître, de manière conséquente, ses collections. Cet encrier et le calame qui lui est associé font partie d’un lot d’environ deux cent antiquités, pour la plupart romaines, achetées par l’Institut à M. Maréchal-Ferry de Tongres le 3 novembre 1864. Au registre d’inventaire du musée, ces objets sont décrits comme provenant de Tongres ou des environs, mais leur contexte précis de découverte est inconnu.
La paroi cylindrique de l’encrier, formée à partir d’une fine tôle de bronze, est gravée de onze sillons décoratifs parallèles répartis en trois groupes (4-4-3, de haut en bas). Le couvercle, partiellement débordant, est percé d’un orifice circulaire excentré que l’on obturait au moyen d’une petite plaque circulaire rotative. Cette plaque, fixée au couvercle au moyen d’un rivet central en forme de bouton conique, est ornée de deux sillons. Les deux boutons de même forme, qui encadrent le rivet central, permettaient d’actionner ce système de verrouillage qui empêchait l’encre de sécher. L’étamage est particulièrement bien conservé sur la partie inférieure non débordante du couvercle.
Parmi les encriers dotés d’un même type de couvercle, nous pouvons mentionner un exemplaire découvert en 1877 dans un sarcophage en pierre mis au jour Rheindorfer Weg à Bonn, daté du IIIe siècle ap. J.-C. par la présence d’un gobelet métallescent à la devise latine DAMI (AUS’M WEERTH, 1882, p. 95). Ou encore un encrier provenant de l’antique Intercisa (Dunaújváros, Hongrie), qui pourrait dater de la fin du IIe siècle ap. J.-C. (BILKEI, 1980, n° 133).
Le long calame en forme de tuyau, en alliage cuivreux plié, est dans un très bon état de conservation. Il est muni d’une pointe taillée et fendue que l’on trempait directement dans l’encre. L’extrémité supérieure de la plume est ouverte. Peut-être était-elle, à l’origine, fermée par une petite plaque circulaire, comme c’est le cas pour deux exemplaires mis au jour en Allemagne (BOŽIČ, 2001, p. 27). Les calames métalliques pouvaient aussi se terminer par une pointe ou par une petite cuiller qui servait à remuer l’encre (FÜNFSCHILLING, 2012, p. 177).
A côté des calames à pointe taillée, il existait aussi un type particulier de plume destiné au traçage des lignes, comparable aux tire-lignes actuels. Une telle plume, associée à un calame à pointe taillée, a été mise au jour dans un sarcophage en pierre découvert à Frechen (Cologne), en Allemagne. Les deux plumes métalliques se trouvaient conservées dans un étui métallique cylindrique fermé, orné de multiples sillons (AUS’M WEERTH, 1882, p. 96-97).
JLS
Encrier
Alliage cuivreux étamé
H. 7,9 cm (avec couvercle) ; Diam. 4 cm (fond) ; Diam. 5,3 cm (couvercle)
IIIe siècle ap. J.-C.
Tongres
Liège, Le Grand Curtius, inv. I/943
Calame
Alliage cuivreux
L. 18,1 cm ; Diam. 0,5 cm
Époque gallo-romaine
Tongres
Liège, Le Grand Curtius, inv. I/998
Bibliographie
AUS’M WEERTH (1882) = E. AUS’M WEERTH, « Römisches Schreibgeräth », Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rheinlande, 72, p. 95-97.
BILKEI (1980) = IR. BILKEI, « Römische Schreibgeräte aus Pannonien », Alba Regia, 18, p. 61-90.
BOŽIČ (2001) = DR. BOŽIČ, « Note sur les plumes à écrire romaines », Instrumentum, 14, p. 27-28.
FÜNFSCHILLING (2012) = S. FÜNFSCHILLING, « Schreibgeräte und Schreibzubehör aus Augusta Raurica », Jahresberichte aus Augst und Kaiseraugst, 33, p. 163-236.