Dessin de l’Offlag (camp de prisonniers pour officiers) IIA et album photos du Lieutenant Lambiotte

Le lieutenant Emile Lambiotte a déjà été formé chez les Cyclistes du 10ème régiment de Ligne lorsque ce dernier devient le régiment des Chasseurs ardennais en 1934. Mobilisé en août 1939, il peut assister à Mazy (commune de Gembloux) à la naissance de sa fille en janvier 1940 et ne reverra plus sa famille avant... cinq ans.

Lors de l’invasion de mai 1940, les Chasseurs ardennais « résistent et mordent », comme le veut leur devise. Martelange, Bodange, Bastogne, Yvoir, la Lys, Vinkt, sont autant de lieux où les Chasseurs (systématiquement sous-équipés et en sous-nombre) vont rudement malmener la Wehrmacht. Grâce à ces faits d’armes, Les officiers de Chasseurs ardennais sont autorisés à garder leur sabre lors de la reddition du 28 mai 1940. A ce moment, le lieutenant Lambiotte refuse de gagner l’Angleterre. Il ne conçoit pas d’abandonner ses hommes à leur sort. Poussant la colère et la frustration du lieutenant à son comble, un officier nazi lui confisque son sabre dès le départ en captivité. En bon Chasseur ardennais, il n’oubliera pas.

Dès lors, le lieutenant Lambiotte connaîtra plusieurs camps d’internement. Au début, il se trouve à Eichstätt (Offlag VIIb) en Bavière. C’est dans ce camp que son camarade Fosty réalise le dessin ici présenté. L’album, également exposé ici, témoigne du fait que tout du moins au début, les conditions de vie sont relativement bonnes : logement correct, activités sportives, activités nautiques, fêtes religieuses autorisées… et prises de photos également. Mais à partir de 1942, les conditions se dégradent au fur-et-à-mesure que l’Allemagne nazie encaisse défaite sur défaite. En 1943, le lieutenant Lambiotte est alors transféré au camp de Fischbek (Offlag Xd) près de Hambourg avant de faire sa dernière étape de captivité au camp de Prenslau au Nord de Berlin (Offlag IIa).

Le camp est libéré par les Soviétiques le 28 avril 1945, mais abandonné à son sort par le deuxième front biélorusse qui fonce sur Berlin. Les internés doivent encore rester dans le camp plusieurs semaines (la situation à l’extérieure étant très dangereuse et les hommes désarmés) avant d’être remis aux troupes anglaises. Enfin, les officiers mettent trois mois à rentrer en Belgique via ce qu’on appellera le « train fantôme ». Emile Lambiotte rentre alors à Mazy où il ne pourra cependant se reposer qu’un mois avant de reprendre du service.

Il sera amené à garder des prisonniers allemands. Or l’un d’eux, officier de la Lufwaffe (Force aérienne nazie), arbore encore sa dague d’officier. Se souvenant de la confiscation cavalière de son sabre cinq ans auparavant, le Chasseur estime qu’il peut enfin se faire justice en prenant ladite dague à l’aviateur nazi.

Par la suite Emile Lambiotte participe à la création de la première Compagnie de Police Militaire à Bruxelles. C’est d’ailleurs entre autres lui qui sera chargé de la protection du Prince Baudouin sur le parcours l’amenant à sa prestation de serment.

La dague nazie vient d’être remise au Musée Grand Curtius par son fils Jacques, accompagnée par les présents album et dessin, qu’il en soit ici remercié.

 

Loïc Servais

Conservateur du département des armes

 

Emplacement de l'exposition

Les objets sont visibles dans la vitrine de l'objet du mois. Hall d'entrée du musée Grand Curtius à Liège.

 

Légendes visuels

Dessin de l’Offlag (camp de prisonniers pour officiers) IIA et album photos du Lieutenant Lambiotte.
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