Encrier

En décembre 1894, les collections du musée Curtius se sont enrichies d’un lot d’antiquités préhistoriques, romaines et mérovingiennes achetées à Ferdinand Tihon, docteur en médecine à Theux et auteur de nombreuses fouilles archéologiques. Cet encrier (atramentarium) en céramique sigillée lisse, qui faisait partie de ce lot, aurait été mis au jour au lieu-dit « Colia » à  Darion, dans des substructions romaines correspondant, selon toute vraisemblance, à un habitat rural. De ces vestiges proviennent aussi de menus objets en bronze, deux pions de jeu en os, un gobelet à décor excisé, en céramique sigillée, une fine lame polie en pierre brune et un fragment de perle côtelée en fritte bleuâtre.

L’encrier à fond plat appartient à la forme Niederbieber 14 qui est présente parmi les sigillées du « Massenfund » de Trèves daté du milieu du IIIe siècle ap. J.-C (Huld-Zetsche, 1971, type 3). La panse légèrement convexe est ornée de deux sillons. L’orifice central, surélevé par rapport au bord, est entouré de trois petits orifices circulaires dont la fonction reste hypothétique. Ces trous servaient peut-être à égoutter dans le récipient, l’encre excédentaire du calame ou à fixer une cordelette qui maintenait en place un bouchon en matière organique telle que le liège (Eckardt, 2014, p. 193).

 

D’après Pedanius Dioscoride, l’encre noire (atramentum) était constituée d’un mélange de noir de fumée et de gomme arabique dans les proportions 3:1 (De Materia Medica V, 182, de atramento). Avant de pouvoir être utilisé, ce mélange solidifié devait être broyé puis dissout dans de l’eau (Božič et Feugère, 2004, p. 34).

Des restes d’encre ont été découverts, à titre d’exemple, dans un encrier en céramique sigillée du sud de la Gaule, de type Ritterling 13, daté des années 80-110, découvert en 1972 dans un puits à Nimègue Lent, aux Pays-Bas (van den broeke et alii, 2011, p. 23 et fig. 5.2 :1) et dans un encrier en alliage cuivreux mis au jour en 1925 à Cologne dans une sépulture à coffrage en tuiles de la nécropole Saint-Séverin ; tombe datée du dernier tiers du IIe siècle ap. J.-C. (Päffgen, 1986).  Le couvercle de ce dernier est muni d’un bouchon en liège - surmonté d’une fine tôle débordante en alliage cuivreux - qui obturait l’orifice central afin que l’encre ne sèche pas.

JLS

 

Céramique sigillée
H. 5,5 cm ; Diam. 8,8 cm
IIIe siècle ap. J.-C.
Est de la Gaule
Darion (Geer, province de Liège), Liège, Le Grand Curtius, inv. T 34

Bibliographie

Božič et Feugère (2004) = Dr. Božič et M. Feugère , « Les instruments de l’écriture », Gallia, 61, p. 21-41.

Eckardt (2014) = H. Eckardt, Objects and identities. Roman Britain and the North-Western Provinces, Oxford.

Huld-Zetsche (1971) = Ing. Huld-Zetsche, « Glatte Sigillaten des « Massenfundes » aus Trier », Rei Cretariae Romanae Fautorum Acta, 13, p. 21-39.

Päffgen (1986) = B. Päffgen, « Ein römisches Brandgrab mit Tintenfass und Tintenresten aus St. Severin in Köln », Kölner Jahrbuch für Vor- und Frühgeschichte, 18/19, p. 167-177.

van den broeke et alii (2011) = P. van den broeke, Arj. den Braven et Ant. Daniel, « Romeinse resten in Nijmegen-Lent. Onderzoek van nederzettingssporen aan de Steltsestraat », Archeologische Berichten Nijmegen, Rapport 20.