Cachet à collyres
Ce cachet à collyres en forme de parallélépipède rectangle a été découvert au début du mois de juillet 1883 au lieu-dit « Campagne de Stelhain », à Walshoutem (Houtain-l’Évêque). L’objet, mis au jour fortuitement par un cultivateur, a été acheté par l’Institut archéologique liégeois qui l’a mis en dépôt au musée archéologique (Curtius).
Les flancs de la tablette sont gravés de légendes en caractères rétrogrades réparties sur deux lignes. Des traits gravés ayant servi de repères au graveur encadrent les inscriptions sur toute leur longueur.
a) TITI CROCODES AD AS
PRITVDINEM ET SYCOSIS
b) TITI CROCOD
AD ASPR ET SYCO
c) TITI BASILIVM AD CLA
RITATEM OPOBALSAM
d) TITI BASILIVM AD
CLARIT OPOB
Les légendes qui figurent sur les petits côtés sont une version abrégée de celles gravées sur les longs côtés. Elles mentionnent le nom du praticien, au génitif, le nom du collyre et le nom des affections oculaires à soigner. Ainsi, l’oculiste TITVS prescrivait des médications à base de safran (Crocodes), ou d’une couleur jaune rappelant cette épice (GOUREVITCH, 1998, p. 369), pour soigner les granulations des paupières et des remèdes à base de suc de baumier (Opobalsamatum) pour l’éclaircissement de la vue.
Les ingrédients qui entraient dans la composition des collyres étaient broyés sur une tablette en pierre puis mélangés à de l’eau ou de la gomme liquide. La pâte ainsi obtenue était modelée en forme de petits pains qui recevaient l’empreinte du cachet avant séchage. Ces préparations à base de végétaux, de substances animales (corne) ou de métaux tels le cuivre, le fer, le plomb ou le zinc étaient délayées à l’aide d’un excipient - de l’eau ou de l’œuf - avant d’être appliquées sur l’œil (SCHÜTZ, 2009, p. 44).
La découverte de collyres antiques est particulièrement rare et exceptionnelle. A Lyon par exemple, vingt collyres conservés dans un coffret en bronze ont été découverts en 1985 dans la tombe 72, datée de la fin du IIe siècle ap. J.-C., de la nécropole de la Favorite. Ils étaient accompagnés d’une tablette à broyer, en pierre et d’un étui cylindrique en bronze qui contenait trois instruments d’oculiste (BOYER et alii, 1990).
A ce jour, trois-cent-quarante-six cachets à collyres ou cachets d’oculistes ont été recensés dans l’empire romain, essentiellement en Gaule. Leur étude est une source de connaissance précieuse de la pharmacopée des oculistes gallo-romains réputés pour les opérations de la cataracte.
JLS
Stéatite verte
L. 3,8 cm ; larg. 1,8 cm ; Ép. 0,8 cm
Début du IIIe siècle ap. J.-C.
Walshoutem (Landen, Brabant flamand)
Liège, Le Grand Curtius, inv. I/6382
Bibliographie
BOYER et alii (1990) = R. BOYER (dir.), V. BEL, L. TRANOY et alii, « Découverte de la tombe d'un oculiste à Lyon (fin du IIe siècle après J.-C.). Instruments et coffret avec collyres », Gallia, 47, p. 215-249.
GOUREVITCH (1998) = D. GOUREVITCH, « Collyres romains inscrits », Histoire des sciences médicales, 1998, 32 (4), p. 365-372.
SCHÜTZ (2009) = J.L. SCHÜTZ, « Cachet d’oculiste », in CL. GAIER, C. CHARIOT et ALB. LEMEUNIER (coord.), 7000 ans d’art et d’histoire au Grand Curtius, Bruxelles, p. 44.
Copyright des photographies : M. Verpoorten © Ville de Liège